Coca = intoxication ?

Les dirigeants de Coca mettent leurs boissons hors de cause. Les médecins belges, eux, continuent de penser qu'il y a eu réellement intoxication par les sodas.

Canettes de coke à la main, les dirigeants des filiales françaises

de Coca-Cola sont sortis de leur réserve hier soir, pour assurer le public de la qualité de leur breuvage. C'est la première fois depuis le début de cette affaire, qui a éclaté le 8 juin, qu'ils s'exprimaient publiquement, dans le cadre d'une conférence de presse (mal) improvisée. Faisant état d'analyses effectuées par la multinationale et par trois laboratoires extérieurs, ils ont assuré que ni la boisson, ni le processus de fabrication de l'usine de Dunkerque ne pouvaient être mis en cause pour expliquer les cas d'intoxication. Ils s'en tiennent à la version de leurs homologues belges: les consommateurs ont été «incommodés» par l'odeur d'un produit de traitement des palettes de transport.

«Il a été établi de manière formelle que la boisson est hors de cause» a martelé Dominique Reiniche, PDG de Coca-Cola Enterprise France (filiale d'embouteillage). Selon elle, seul un nombre limité de canettes destinées au marché belge a pu être affecté pendant le transport. «Il a été établi de manière formelle que seule la surface extérieure de ces canettes a pu être affectée au cours du processus de distribution en Belgique.» Abandonnant le terme de fongicide au phénol, elle explique que les palettes de transport ont été traitées avec une «substance désinfectante» dont l'analyse définitive n'est pas terminée. Marylise Lebranchu, secrétaire d'Etat chargé des PME du Commerce et de l'Artisanat, a en effet rappelé cette semaine que le phénol est une substance interdite dans l'industrie agroalimentaire, aussi bien en France qu'en Belgique. Selon Patrick Serog, médecin conseil du groupe, les nausées, céphalées et vomissements peuvent être provoqués par des odeurs, l'aspect ou le goût d'un produit, voire même par un conditionnement psychologique: «Avec un certain type d'odeurs, on peut parfaitement déclencher des nausées vilolentes». Daniel Mal-corps, PDG de Coca-Cola France, s'estime donc soulagé. Les mesures de précaution «surdimensionnées» prises par les pouvoirs publics en France vont pouvoir être levées.

Le centre antipoison de Bruxelles se montre plus circonspect et écarte l'idée d'une «psychose Cola». Depuis le 8 juin, 700 personnes auraient développé les mêmes symptômes: fortes migraines accompagnées de nausées, maux de ventre, vomissements, palpitations cardiaques et un état de fatigue extrême. Si certains s'inquiètent trop vite, beaucoup sont assurément malades. Tina Casteleyn, médecin généraliste belge est formelle: il y a un lien évident entre la maladie et les boissons Coca-cola, Coca ligh et Fanta. Les symptômes, qui disparaissent après 6 ou 7 heures, ne peuvent être en aucun cas être psychosomatiques, ajoute-t-elle. «Comment imaginer qu'un enfant malade de 5 ans comprenne ce qui se passe?». Le centre antipoison belge soigne donc ses malades sans savoir d'où vient le mal. Le docteur De Coninck affirmait hier après-midi que «les concentrations très faibles des produits incriminés par Coca ne peuvent pas entraîner les symptômes observés». Pour ces médecins l'explication du groupe Coca-Cola est donc loin de tenir la route.

Pour comprendre enfin, on attendait beaucoup, hier, des prélèvements effectués sur le Coca, les canettes et les palettes. Les résultats des prélèvements français devraient être connus ce week-end, et des luxembourgeois, la semaine prochaine.